La Troyenne – 11, 12 et 13 juin 2021

18 mois de jeûne, de carence de bitume, de privations de palpations charnelles des potes, de chasteté de terrasses ombragées, de diète de décoctions en tous genres, de solitude et d’éloignement, seul dans ma tanière je suis en exil comme mes frères. Alors j’écoute de la zic, je bois, je fume et j’prends ma dose de préparation thérapeutique, mon antidote à la survie qu’ils disent, comme beaucoup d’entre nous à partir d’un certain âge. C’était sans oublier notre condisciple, l’intime des soirées profondes qui nous a concocter un débrumage de l’esprit et des muscles : La Troyenne, une tiote excursion, un voyage au pays du Champagne, de l’amitié et des émotions en tous genres. La fraternité on the road avec nos pur-sang et notre bonne humeur.

Effervescence chez l’Ted, en premier lieu petite révision de la monture chez les frangins frontaliers. 250 bornes pour se remettre les citoyennes bien en place, en deux bornes tout est okay, avec au retour de la grêle sur la trombine, aie, bobo, et une pluie traversante de côté et du vent, sans oublier un excès de vitesse et un point en bas de chez moi. Le nouveau mouchard au flair indélicat m’a souhaité la bienvenue. Comme on dit j’suis prêt, j’ai bien franchi toutes les étapes de la première sortie, le graal du cruiser. Une semaine avant l’exode je décide de remonter sur ma belle. Plus de batterie, panique à bord, je décide d’en commander une sur internet, vu que chez le consse du coin il n’en avait plus qu’avec des cosses en or massif, pas pour ma bourse d’infortuné. Un nouveau post est créé sur not’ Forhum bien aimé. KiKi qui part, d’où, à quelle heure et tout ce qui va avec. Nous, comme d’hab on est cinq bécanes, et comme tout l’monde on s’emmêle sur le lieu, l’heure et même le jour. Moi j’voulais partir la veille, pour rien louper de l’abondance et du All Includ. Sac, munitions, laisser passer, passeport nasal en poche, cagoule de déguisement Covid, mes feuilles, mon tabac et mes pilules, je m’éclipse et m’évapore pour rejoindre les ailes du vent. Sans oublier un lèche-vitrine à celle qui partage mon quotidien absurde, celle qui m’a toujours réchauffé le cœur et l’esprit. Mon autre moi-même qui sait me rallonger la laisse en toute sérénité. Il est treize heures, je n’ai rien pu ingurgiter, comme un mouflet je veux happer et étancher ma soif de goudron. Casque, lunette, gants, en tee-shirt avec le gilet patché, c’est parti, j’passe devant le délateur en sur vitesse et j’déguerpis de ma caverne pour rejoindre un tipi traditionnel. Après cinquante bornes je retrouve les potos, pile poil à l’heure. Bécot traditionnel, embrassement amical, tout le monde a la banane et le visage décontract. De plus le ciel est d’un azur à te donner des frissons de béatitude. Les délices d’une belle vie. On reprend la randonnée en convoi, en quinconce, chacun sa file et le cul du voisin en ligne de mire avec le soleil à l’horizon qui va nous accompagner tout le week-end. Merci Phil pour ce magnifique programme, ce calendrier princier. Il y en a qui roulent avec de la zic à donf, moi j’peux pas, j’ai pas l’toto radio, j’écoute le bruit de mon Twin Cam et des moustiques qui s’écrasent sur ma panicule. La barbe me chatouille les pommettes, tin c’est bon. Le vent est chaud, les tites routes s’enchainent et j’pense aux frangins restés at home pour diverses causes, le taf, la famille, l’hosto avec une saloperie nouvelle chopée au coin d’un zinc poussiéreux celle qui te cloue sur un lit en tubes inox. Frérot mon compère j’vais naviguer aussi pour toi avec un max d’ondes positives, celles qui ravivent le feu de la vie. Promis si j’peux, on s’en refera une ou plus avec de la binouze prise dans un rade du bonheur. Si j’tiens le coup aussi. J’me vide l’esprit, position du légionnaire ou du missionnaire ou les deux. Même pas l’angoisse d’arriver après le couvre-feu. Du nectar pour nos artères, de la fumée paradisiaque pour nos esprits, j’peux en ravoir une dose docteur, c’est trop bon pour ce que j’ai. La vie est Rock Roll quand on veut. Je n’oublie pas non plus que Graceland s’approche à grands pas, alors j’retourne à la potion magique, me fiche de l’overdose. Wild horse, n’oubliez pas les paroles comme dit tonton Nagui. On est tous pareils, quand on peut on va à fond vers la Webeuse de l’émotion sans usufruit ni controverse. Pas de concession, roule ma poule, ni vieux, ni maître, c’est ma folie du moment. Après 220 bornes, quelques arrêts clopes, sciatique, prostate, benzine, demi-tour, camions zé tracteurs qui incommodent ou qui encombrent le lit douillet, on arrive au Western-City à Troyes.

On n’est pas les premiers, à nouveau étreintes chaleureuses avec les protections contre les armes chimiques venues d’un autre continent. On retire tout ce qui gêne à la convivialité et direction le fût décapsulé déjà bien entamé. Les potos déboulent de partout, déclipsent leur béquille, te tapent les épaules, enfournent leur mug style Häffale à la bouche. Le gentil organisateur me saute dessus la larme à l’œil, me présente sa belle régulière, merci mon n’veu, tu l’as fait cette sauterie avec un mal fou. Les reports, les désistements et l’toutim, bravo man. La réception est de taille, c’est du grand Monument Valley, manque rien, mieux serait mal. Tout le monde se charge en houblon, et il y a de la futaille en perce. Tous les récipients se vident et se remplissent. C’est le moment de choisir sa mansarde, sa cambuse. Nous on choisit une roulotte style chasseur de vaches. Comme partout faut trouver le bon numéro du dortoir, on a la 4. Elle est sous les arbres, avec des roues à rayons à écraser du pangolin géant. On détache de la bécane le sac de chez Louis. Choix du pucier, petite douche, nouveau tee-shirt froissé, je mets mon AVFF tout noir, Allez Vous Faire Foutre. On m’a dit, « tu fais comme Bigard », mais j’connais pas c’poivrot. RAF, demain il sera taché j’en mettrai un autre. Retour devant le saloon, pour l’apéro et tailler la bavette avec les nouveaux arrivants. Le bon Philou nous prévient qu’avant il faut faire les tests PCR du Covid et nous prévient qu’une infirmière sera présente.

Une jolie brancardière au doux prénom de Stella qui me rappelle les bienfaits d’une boisson faite à Louvain, la Stella Artois, une blonde qui ne laisse pas indifférent. Même si j’en connais une autre, mais c’est la femme d’un frangin, bises poulette. L’ambulancière est montée en stage 2, des pare-chocs de compétition, un galbe aux arrondis à relever un malade du Covid en phase terminale. L’arrière train digne d’un guéridon porte gobelet, le truc, comment dire qui tient la route. Je vais me faire traiter de mysogine par les puritaines voilées ou non, mais je le dis comme j’l’pense. Elle avait une symétrie parfaite sans préjugé, toujours souriante, sympathique pour nos vieilles carcasses, notre sucre d’orge de début de soirée. Les 80 mecs avec leur timbale à la main suivis de quelques motardes se sont enfilés à la queue leu leu à distance convenable comme dit sur l’imprimé de la préfecture. Les originaux y sont allés en chantant des cris guerriers et la belle nous a enfourné le coton tige jusqu’au cerveau. Tout le monde a eu la bonne barre, tous négatif. Il y en a qui y sont passés deux fois afin d’être certain du bon résultat. Ça assure chez les bikers, on a lâché les masques perdus et pas fait tomber la chemise. Mais on a picolé plein de jus de fruits pour adultes. La pression tombait petit à petit. Tin qu’il était bon ce rhum arrangé, un cœur de chauffe martiniquais, pas du guyanais. Il y avait aussi de la bouillie provençale aromatisée à l’anis à tous les coins de tipi ainsi que tous les breuvages estampillés de la si précieuse marque. C’était parti pour la première depuis 18 mois, promis on va rattraper le temps perdu. La jolie pin-up est revenue toilettée, plutôt à demi vêtue en chasseresse de cow-boy, la bouvière nous a encore illuminé le faciès en crachant du feu, la musique tonnait à fond sur le cheval de Troyes. Le délire des rugissants était au comble et la mystérieuse Stella enchanteresse est passée dans les rangs nous offrir le patch du week-end. Il fallait le retirer avec la bouche au plus proche de son mont de Venus ou dans son poitrail bien garni qui écartelait son corsage si menu. La cochonnaille auvergnate nous a graissé les mains, manquait rien du tout, que ma femme par moment. Mais c’était bref, trop heureux de retrouver la famille du bitume et du cuir durci. Effluve quand tu nous tiens, substances volatiles quand tu calmes mes fièvres. On est tous en suspension, dur à raconter faut l’vivre. J’ai les bons mots qui résonnent dans mon cerveau, ceux qui calment, hein mon Zaza.

Arriva l’heure de la poêlée de Valence à une heure avancée de la nuit, direction le réfectoire du ranch à nouveau en file indienne dans un tumulte joyeux. Nos bedaines commençaient à réclamer du consistant pour éponger les substances liquoreuses absorbées au saloon. Une jeune et jolie bikeuse esseulée arriva de Paris quelque peu en retard en pleine nuit, chapeau miss Ly Lua bel oiseau de nuit. Les tables se remplirent rapidement d’assiettées avec ridelles, le bruit des mandibules était couvert par un fond musical, un bruissement d’une musicographie comme on aime. On reprit tous à becqueter et les gamelles de paëlla furent dilapidées jusqu’au fond du réservoir, plus de réserve, panne sèche de l’auberge espagnole. C’était vraiment bien mon n’veu. Arriva l’heure du digestif approprié construit rigide, du bon cylindre de feuilles de tabac enroulé en spirales. Un havane ramené de Miami par un frangin voyageur qui aime partager ses émotions. Il y eu des chants gutturaux, des discours sur la création et la culture de nos plants favoris, une nuit active, de la bonne âme, de la grâce quoi. Au petit matin on s’est tous couchés car la ballade du lendemain ou plutôt du jour même était prévue à 10 plombes de la courte nuit. J’suis rentré en cherchant ma roulotte, c’était tout droit en zigzag. Après un dernier rhum arrangé, avec les potes, on a débattu sur la belle journée passée. Puis dodo, par cette chaleur, sur le camp, nombreux ont été les prévoyants à scier du bois par peur d’une tempête de neige imprévue pour le lendemain. On ne sait jamais, dans mon habitat nomade il y avait un chaudronnier pâtissier qui a accompagné ma fanfare personnelle. Morphée nous a tout de suite plongés dans une extase profonde malgré tout le tintamarre enjoué des cinq hectares de la closerie privée.

A 9h30 du matin, nos prostates déprimées et gonflées des excès des heures précédentes nous ont sorti de nos puciers. Fatigués et en manque de sommeil mais pas mal au crâne, j’avais pas fait de mélange, enfin j’avais pas associé deux boissons différentes dans le même mazagran. Trop dangereux, un à la fois, conseil de mon urologue qui roule Harley et qui connaît nos us et coutumes. Direction le grand tipi familial pour un encas de chef sioux, avec croissants et pains au chocolats maison et kawa de la gargote. On me dit « Ted t’as encore 20 minutes, t’as le temps ». Merde à 9h58 le convoi démarre pour une procession en rang serré dans les vignes du Seigneur. J’étais tanké dans l’herbe, mon pote me sort de cette impasse avec délicatesse et force due à notre âge. J’m’dis, j’vais l’aider et je pense qu’un troisième gentillet est encore aux gogues et sous la douche, oui il est coquet. Attentionné comme il est, il va aider l’autre infidèle à sortir du bourbier, les deux païens vont me rejoindre, j’en suis certain. Je vais essayer d’arrêter les mignons désobéissants partis avant l’heure. A la sortie du Western City la brodeuse me fait signe de prendre à droite, premier feu rouge que je brûle avec gentillesse je vais tout droit, premier giratoire au pif tout droit, le second tourniquet je suis perdu, je me tiens debout et mate le panorama, coup de bol au loin à droite un gilet fluo brille sous le sunlight. C’est un voltigeur, je raccroche le peloton en dernière position et sous le vacarme impossible de signifier que deux potes sont à quai au port. Vas-y roule gamin ! Bon, bin je leur donnerai la position au Clos Gremillet quand on visitera les grottes à fermentation. L’ami Eric nous avait tracé un périple dans les contrées de Bacchus, des petites routes sinueuses au milieu des grappes de raisin et de magnifiques petits villages en vieilles pierres, un régal pour nos déculottées malmenées. 80 bornes de réel bonheur, de ravissement et de nirvana. Le seigneur des lieux nous a accueilli pour une visite de sa fabrique à bulles, je passe sur les détails. C’est comme pour la bière, sauf que c’est fabriqué avec du raisin et que ça se débouche sans décapsuleur. Sinon kif kif, 80% d’eau. Qu’on se le dise. On a dégusté quatre goulées différentes qui ballotaient nos organismes. Moi je ne sais pas recracher du bon nectar, j’avale, je secrète et seulement après j’évacue les 80%. Alors on a tailladé les plats de croustades, les terrines, les friands, le saumon et le fromage. Le guéridon à victuailles fût lessivé en un temps record. Restait plus une seule miette pour zoziaux, même le vernis du guéridon avait disparu de la crédence. On avait faim. J’envoie la position du cottage à mes naufragés pour nous rejoindre. Ils étaient au resto. C’était du London Calling ce trimard au fumet sincère qui nous a assouvit l’appétit.

Retour par les mêmes routes sur un autre chemin aussi enjôleur pour nos illuminations. Toujours de l’extase sans mirage. Idem 80 bornes de délectation et de félicité. Un tiot arrêt au Lac d’Orient pour mater les baigneuses et rechercher notre Stella nationale. On a bloqué toute la route, les pandores sont arrivés pour stationner les 80 bécanes sur la jetée du port. On a maté la mer et regarder les bateaux qui allaient pécher en suçant des glaces à l’eau. Retour au bivouac sur les coups de 18 heures où le collectif organisait l’apéritif et un barbecue géant. Même soirée que la veille, même boissons en abondance, mêmes potos mais sans la belle secouriste. On a consommé, on a avalé de l’empiffre en tous genres sans gaspiller mais avec beaucoup d’abus sans trop se ruiner la santé. Certains ont dilapidé leur énergie, je pense que j’en ai fait partie. J’ai retrouvé mes potes sinistrés qui m’avaient fait croire qu’ils étaient retournés at home. Tu penses tintin ils ne voulaient rien manquer de cette belle fiesta puritaine. Stella est revenue en effectuant une danse aquatique entre les tables avec des flambeaux et fanaux. A nouveau la galerie fût enflammée par le charme de cette prêtresse. Le moment de l’effeuillage tant attendu arriva. La femme nue qui se déshabille en la personne de …. Stella qui nous taquina quelque peu en choisissant parmi nous trois involontaires, dont not bon Philou sous les yeux écarquillés de sa charmante femme. Tout y passa, en lenteur et apport de sensualité, chantilly sur les saillies des nénés, WB40 sur le rotoplot, caresses voluptueuses et enfin le nu intégral vite couvert. Arrivée à maturation la salle s’est levée en tapant du pied pour accueillir les Calamity Jo un fabuleux duo du duché de Bourgogne. Mari et femme, la pétillante Amélie et Yuri le guitariste, nous ont emmené sur le dance-floor sur bandes musicales, plus d’arthrose ni de muscles coincés, la horde sauvage a swingué tard dans la nuit. Sans compter la prestation improvisée de notre harmoniste de blues un pote à Dom. Merci Christian, t’es dans l’coup dans not clan, plus qu’à t’inscrire pour la bonne cause. La sécheresse de cette nuit barbare, tout le gang bestial est retourné au saloon sur les tonneaux en guise de table pour étancher leur fièvre d’émotion. Encore un coup de trois plombes et une relâche des muscles dans l’inaction d’un lit confortable. Le palier du repos du guerrier, même les moustiques se sont calmés, trop fatigués.

Lever vers 9h30, douche, pipi, caca et petit déjeuner gargantuesque au milieu des yeux rougis par le manque de sommeil. Chacun y va de sa douce mélodie pour conter fleurette de ce magnifique week-end enchanteur. Vivement le prochain. On est repartis vers les 11h30 après avoir salué comme il se doit toute cette belle fraternité. Un gros bécot à nos intimes bourguignons, nos confrères semblables en leur souhaitant bonne route. On a croisé aussi quelques bikers à la station d’essence et Go to Home, l’esprit embrumé de belles émotions. Avec mon frérot Dédé, sa douce compagne et nos deux poupons mécanos on s’est arraché de ce doux eldorado. C’était bon docteur Feelgood.

Un grand merci à notre forum qui a su nous réunir depuis une quinzaine d’années inoubliables, merci aux organisateurs et à tout le staff, merci aux voltigeurs qui ont assuré notre protection, merci à vous les frangins du bitume.

Au prochain run d’amitié.

7 réflexions sur “La Troyenne – 11, 12 et 13 juin 2021

  1. Blaise

    Road trip, agapes & bacchanales… la totale ! retour aux affaires, retour en force… tu nous en vois ravis. Et c’est aujourd’hui l’été, lourd de promesses, riche en perspectives de virées à venir, de rencontres entre potes, la vie quoi…
    On te souhaite de tirer le meilleur profit de ces prochains mois, comme tu sais si bien le faire. Dans l’attente du compte-rendu de tes exploits.

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  2. Fredami

    Comme je viens de te lire, et comme on pouvait s’en douter, ce fut un beau week-end. Super !!!
    Philippe m’avait invité mais il était hélas préférable que je ne vienne pas pour ne pas le mettre en porte-à-faux vis à vis de certains.
    On aura d’autres occasions de se rencontrer.
    Fred

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