4 – Jura Tyrannosauruslogue !
T. Rex – Get It On (1971)
Mon cousin, le bassiste et moi par un beau matin ensoleillé on a pris la tangente. Nos affaires dans des cartons, un peu de blé d’avance direction le bonheur, c’est à dire Nationale 7. On était certain de trouver ce qu’il nous manquait, soleil, gonzes, mer et l’toutim. Mais on ne savait pas ce qui nous faisait défaut, vu qu’on quittait le nid et les scories du bled. Alors roule ma poule avec nos deux 2cv, la mienne et celle de mon cousin encore plus vieille. Elle n’avait pas de porte de coffre, c’était la capote qui faisait office de. Après quelques heures de petites routes joyeuses et sinueuses bordées de pompes à essence mécaniques et de cafés formicas, on s’est retrouvé pour la première nuit dans le jura du côté de Clairvaux près d’un lac dans un camping du hasard. On a installé nos toiles de tentes et nos sacs à viande vite fait. Jeté un œil du coté du lac et repéré assez rapidement la guitoune où tout le monde se retrouvait pour étancher not soif. C’est vrai que dans nos décapotables il n’y avait pas de clim, personne n’en avait à cette époque. Mais le vent de la mer nous avait assoiffés un max, bin faut dire qu’on avait fait 200 bornes, on était loin des hauts fourneaux tout noirs et de la minette Lorraine. Me rappelle plus du nom du camping ni du lieu exact, c’était pas un municipal mais pas loin de l’être. Il y avait une cinquantaine de places, et bin au bar tout l’monde y était. Et que des mecs, des parigots, des bourguignons, deux ou trois gars du cru qui ne mouftaient pas un mot et nous les lorrains. L’ambiance au bout de quelques minutes, avec des accents différents et tout le monde à la bière puis au blanc du coin, celui bien soufré qui te mine le lendemain matin. Le camping de ma jeunesse, celui qui gueulait trop s’en prenait une bonne et les autres continuaient de plus belle dans un bredouillage hors du commun. Et tout ça sans bâfrer. Bon la première nuit on n’est pas sortis du sans étoile. On a fait bar et retour home en zigzaguant un peu, même beaucoup et en rejetant le sandwich du midi dans les bégonias du proprio. En début d’après-midi ou plutôt milieu de la journée, il y en a un qui a réveillé tout le monde. On s’est juste jeté un coup de tête tout doucement en signe de bonjour, mis les ray-bans sur nos paupières gonflées et après le café soluble en grain on a décidé tous ensemble d’installer nos tipis façon sioux et de faire un feu au milieu. Un peu scout mais sympa pour les veillées, on n’avait rien inventé. Comme il était l’heure de l’apéro, un parigot qui avait dégotté un canard du coin nous dit qu’à moins de quinze bornes d’ici il y avait un bal. A l’époque c’était le seul moyen de rassembler la jeunesse. Les discothèques d’alors ne vendaient que quelques disques et encore. Fallait voir le convoi de caisses à la queue leu leu, une horde de joyeux drilles déjà un peu grammés dans les tours. Des boys band à la recherche d’une aventure, d’une compagne ou d’un compagnon. Bon on voulait du sexe en gros et pour tous, quitte à se refiler la denrée. Des valeurs d’honnêtes gens sans dérives. Quand le camping des flots Doubiens a débarqué, les autochtones nous ont regardé de travers, normal pas la même tribu ! Quelques coups après au bar et dans les omoplates, la communion a pu reprendre en presque toute tranquillité. La plupart des copains ont pu faire leur marché coté fringale du clairon. C’est mon cousin qui a eu la plus belle. Une minaudière, style Birkin avec une poitrine de Barbie, magnifique créature, plantureuse à souhait et surtout pas farouche. On est tous reparti de la guinguette et c’est mon cousin qui a repris la tête du convoi. Dans un virage, il a fait un tout droit, suivi par 2 ou 3 autres bagnoles de frangins. Quand on aime… La deudeuche a fait un vol plané, ses cardans ont sauté, un saut olympique, elle est retombée sur ses 4 roues dans le pré jurassien. On a soulevé la tire à quatorze brutes pour remettre les cardans et ressortir la voiture de la verdure pour la remettre sur le goudron et dans le bon sens. Mon cousin était resté dans la voiture, il avait eu le pif cassé sur le volant. Ce soir-là, il a dormi seul avec des mouillettes dans les narines. On n’a jamais revu la blonde, en tout cas pas chez les lorrains. C’est ce qu’on m’a raconté car je suivais un peu loin derrière avec une fleur des champs cueillie sous le chapiteau poissard. Je suis arrivé au moment où la Citroën retrouvait le plancher des vaches. J’ai vu mon cousin et lui ai demandé « ça va ? » il m’a répondu « Ca bourrais allez bieux ».
J’avais craqué pour ma brunasse car elle avait une robe échancrée en très très grosses mailles, comme l’emballage des saucissons. Bref comme si elle n’avait rien sur le dos. Elle aussi ressemblait à la Birkin, les seins aussi. Ma deuxième nuit je l’ai pas passé au camping. C’était la fille d’un éleveur de chevaux, fallait voir le domaine et le château. Un beau petit lot que les copains m’ont dit. Au réveil, elle était folle de moi et voulait m’épouser. J’ai passé qu’une seule nuit chez elle et suis retourné m’occuper du tarin familial. Il avait triplé de volume et mon cousin ne pouvait respirer que par la bouche. On a passé le troisième jour aux urgences.
Me rappelle plus combien de temps on est resté dans ce paradis perdu, mais on a claqué presque toute notre oseille. Les parigots devaient reprendre leur taf, les bourguignons aussi, alors nous on a baissé les pare soleils de nos capotables, abrité nos yeux fatigués derrière nos ray bans et direction la Méditerranée.
Génial Michel ! Encore encore encore 👍👍👍 tu le décris tellement bien qu’on a l’impression d’y être !!!
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bises
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