Sixty Six, la Vie que j’ai aimée … (Partie II) – chapitre 8

8 – En passant par la Lorraine avec mes sablogues ! 

Deep Purple « Black Night »

DeeP Purple – Black Night (1970)

De retour au pays du Mistral sans Babar qui était parti vers le Népal à Katmandou afin de vérifier si sa flûte était enchantée. Lui j’l’ai jamais revu. Il a dû trouver son bonheur à la Barjavel. Dany aussi a disparu de mon univers, il doit naviguer dans la prophétie du genre humain. Tous les autres aussi se sont effacés rapidement. Ils doivent être heureux et baigner dans la béatitude, ravis et satisfaits. Le père de mon cousin venait de subir une opération à cœur ouvert, alors je suis remonté en Lorraine accompagné de son fiston et des chats. Gégé est resté sur la côte, il avait trouvé un boulot d’accompagnateur de chiens en laisse pour vieilles mémères fortunées seules et en reste de tout. Un dandy des temps modernes. J’ai eu de ses news, bien des années après, il avait fait un AVC du coté de Toulouse et était mal en point, sans souvenirs particuliers. Il faisait dans la technicité de grande surface et ne voulait pas trop nous rencontrer. La vie vous réserve quelque fois de la tristesse. Le retour sous la pluie et dans la brume vers les contrées où nous avions éclos était d’une tristesse. Pour moi ce ne devait être qu’un simple passage, j’avais l’intention de partir pour le Maroc avec les Toulonnais de La Seyne. Promis on reste en contact ! Mais à c’t’époque il n’y avait pas de fil qui chante pour se nouveller. Restait que la zécriture, bref….. loin du cœur … Les chemins de traverses se sont dispersés vers d’autres univers. On appelle cela la vie. Brothers vous m’avez ciselé de votre empreinte, le bulbe incrusté d’ondes positives. Les méninges dans un autre sens, l’horloge des structures naturelles avec les chiffres des années dans un ordre incertain. A ce jour, j’tourne toujours ainsi avec des activités autonomes. C’est ma biosphère, ma géologie interne et j’suis toujours aussi bien dans mes tiags. Pas de chimie organique pour le moment, que du naturel et fais tourner l’Doobie.

J’ai retrouvé ma chambre de jeunesse mais l’odeur du nid ne me plaisait plus. Les folles envolées me manquaient. Le doux céleste de mes glandes cérébrales me tiraillait les neurones. J’étais plus à ma place. La liberté ne s’apprivoise pas, faut une bonne dose d’éducation parallèle. J’étais dans ma famille mais pas au milieu de mes pairs. Je devais retrouver le goût de vivre différemment sans sombrer. Dr. Feelgood come on, j’veux pas rester dans l’ambiguïté de la norme. C’est quoi la norme, boulot, métro, dodo, on y vient tous un jour, rattrapés par la consommation de toutes sortes de produits qu’on nous impose. La maison, les beaux meubles, les bôs zhabits et l’toutim que l’banquier du coin, ton dealer, ton croque-mort de Big Brother t’allèche, t’appâte avec un sourire de complaisance. L’académie des bonnes valeurs sans note, sans silence et surtout sans morale t’asservit à vie. C’est l’enchainement et l’oppression du quotidien. De l’exploitation vous dites, fin du paragraphe ! J’avais d’autres valeurs plus les mêmes références ni les mêmes obligations. Réformé par l’administration militaire mais décoré de médailles illusoires, l’underground du moment. J’vais m’battre avec mes armes tant que j’peux.

Le cheveu toujours aussi long, habillé avec parka militaire et bottes de gardians j’arpentais le bitume de ma ville natale en quête de similaires à mon ego. A l’époque dans la rue principale, vingt-quatre gargotes avaient élu domicile. Le pole emploi du moment. Tout le monde travaillait et ne fréquentaient ces marchands de moka que les retraités et les malades. Je n’étais dans aucune des catégories. Après trois ou quatre mois d’errance dans le pays de la fonte et des poches trouées, fallait se rendre à l’évidence. Une besogne, une activité, un labeur seraient les bienvenus. Surtout que chez mes parents, mis à part le gîte, le couvert et la blanchisserie, ce qui était déjà un véritable luxe à mes flâneries, les journées dans la platitude de cette grisaille avaient tendance à miner profond mon moral. Poussé par ma mère et emmené par mon père, j’ai passé avec succès un examen d’entrée chez les fonctionnaires de l’équipement. Presque négociant en virage j’étais devenu, mais dessinateur. Mon ancien taf dont les diplômes me permettaient d’exercer. Bing, retour à la normalité, sauf qu’on me prenait pour une nana de dos. Tout le monde s’est habitué à ma tenue et à mes propos. Neuf ou dix dessineux qu’on était, dirigé par un gros feignant parano. Une vraie bande d’illuminés, avec un croque dessins humoristiques, un buveur de bière, un affabulateur de fables, un chasseur, un gars qui parlait pas et un autre qui se paluchait tout l’temps. Le reste de l’entreprise venait prendre du bon temps chez nous après leurs travaux. On avait une chaine stéréo dans l’étable. Un bar caché bien rempli et on rigolait bien. La lumière et la chaleur du moment ne m’ont pas trop déplus, surtout que les heures supplémentaires étaient bien payées. J’y ai même vendu des sandwichs pour les ceusses qui partaient de bonne heure. Y avait pas trop de règles, fallait bosser et le reste coulait. L’administration et le monde du travail ont bien changé depuis. J’voudrais plus vivre à votre époque les d’jeuns, sida, chomdu, répression à tous les niveaux, j’serais allé pas très loin. Fermons la parenthèse sinon direction le confessionnal, l’isoloir grillagé de nos banquiers. La vie pouvait continuer son cours. J’suis resté chez mes vieux, c’était pratique pour moi et surtout peu onéreux, oui sur tout. J’avais plus de news de ma bande ensoleillée, j’pense que ma mère ne me donnait pas tout mon courrier. J’avais du blé, les idées en place du bon côté enfin du mien. J’avais retrouvé aussi quelques bons oiseaux migrateurs restés sur place. On sortait, fumait, buvait et place à la fête pendant les jours de repos hebdomadaires dans la cité de la houille. Le baba, bobo, gaucho était rangé, mais avec quelques tics zé tocs pas très approuvés par la bienveillante société. Bref le train-train, l’accoutumance sans endurcissement, du rentre dans les rangs. Bien chef ! J’m’suis acheté une voiture, une Simca 1000 Rallye 2 et j’ai commencé à compétitionner dans l’coin. Tout mon blé y passait. Euphorie et sentiment de conquête du grand Est, les moments libres je les passais coucher sous le moteur à améliorer la princesse et le dimanche, chevauchée fantastique à tout briser. Je faisais parti d’un club un peu cinglé aussi. J’aimais bien, enfin des mecs déjantés qui m’ont appris la mécanique et la rigueur pour éviter les tonneaux en tout genre. L’adrénaline à son comble, surtout quand la voiture ne tenait que sur deux roues ? Courses de côtes, rallyes du coin, circuits etc… On avait même aménagé la piste d’une base aérienne désaffectée pour s’éclater les jours de non compétition. Je sortais beaucoup, quelques gonzesses comme co-pilote, tournées dans mon Pub Rock favori chez Paulette. Pas mal de concerts, Led Zep, Bob Marley et tout ce qui passait par nos portes. Comme on dit du bon temps, la crise pétrolière pointait le bout de son baril. Mais je m’en battais un peu les ailes, c’était l’année où l’accordéoniste mari d’Anémone, Valérie Giscard d’Estaing, VGE comme on disait, prend les rênes du pays. Merde la droite est encore au pouvoir. Il n’est jamais venu manger l’omelette chez mes parents le dimanche soir. C’est lui qui a changé la couleur du drapeau national et fait jouer la Marseillaise plus lentement. Etonnant non !

9 réflexions sur “Sixty Six, la Vie que j’ai aimée … (Partie II) – chapitre 8

  1. idefix

    et pendant que tu noircis des feuilles en bois d’arbre, avec un talent digne du meilleurs (et il n’est pas une once de subjectivité parce que t’es un pote 😉 ) , moi j’ai un coup de mou, un blocage de la roue avant sans ABS vers 120 pages ce qui n’est déjà pas si mal !
    Bravo mon poto biz

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