partie 2 et …… Covid19 – avril 2020

Voilà six semaines que je biberonne mon aphrodisiaque anabolisant qui doit me convertir vers de meilleurs cieux. En attendant j’essaye d’anticiper le malheur qui s’est abattu sur moi. J’ai quand même des pensées nauséabondes sur le futur. Faut que je sois léger et insouciant. Le soir j’ai du mal à m’endormir et je me couche de plus en plus tard à mater les programmes de la télédiffucon. J’trouve pas grand-chose qui m’apaise et qui assouvisse mon moral sans dédommagement. J’fais avec et je me couche aux aurores en ruminant ma haine. J’ai un pote qui a chopé aussi ce crustacé et qui est en Thailande avec sa jolie famille qui m’appelle souvent. Il prend de mes nouvelles et me réconforte. Lui aussi il en a chié et tape dans le sport pour réparer son gazon maudit. Pas de substance qui stimule tes doutes, c’est dans la tête que tout se passe, me dit-il. Allez, allez… We are the Best ! C’est vrai il a raison, mais faut se rendre à l’évidence, faut rien lâcher et surtout pas larguer de lest ni débander. Alors chargeons la mule, ça passe ou ça casse. Un migrant d’un pays limitrophe, herboriste à la retraite me stabilise aussi en m’expliquant ce que contient mon dosage non épicurien. Je pense beaucoup à la chanson de Serge Reggiani « Le Temps Qui Reste », Le temps c’est comme ton pain, Garde s’en pour demain » J’ai encore du pain, encore du temps. Mais combien ? 

J’attends avec impatience les effets secondaires de la matière engloutie légère et nonchalante. Je supporte plus l’alcool ni les fumées spirituelles, une dosette et je pars en vrille sur le bas-côté. Mes liquides organiques ont le reflet d’un beau coucher de soleil en plein été au large des côtes d’un pays imaginaire. J’ai aussi la cutanée de mes jambes qui fleurissent de purpura et je me sens fébrile. Ma libido est restée aux vestiaires et ne m’a pas suivi dans la quête de mon harmonie psychique. Je ne deviens ni vieux, ni maître. Hein Raoul ! Please Help me. Quand je réussis à trouver le sommeil, avant de m’endormir, je n’arrive pas à prendre mes distances et je rêve de mon épitaphe mortuaire.  Allons enfants de la patrie, mon jour de gloire va partir et m’embarque. J’ai plus d’étendard. Ci-gît un vieil homme aux idées douteuses, insoumis, travailleur enchaîné aux cotisations anarchiques et qui a fait sa révolutiônne. Hello, j’m’appelais Michel et je suis parti courir à poil sur la banquise. Ne pleurez pas, vous n’êtes pas dans une impasse si vous savez faire face à l’ennemi. Désertez, proférez, livrez-vous sans trahir ni éjecter l’endroit où vous subsistez. Gaffe quand même car le mal ne cesse de grandir et de proliférer, c’est la foison du pouvoir néfaste non élu.

Par un beau matin ensoleillé je décide d’aller ramasser le courrier de la semaine. Une tonne de pub, des factures, de la prose douteuse et enfouie dans tout cet amas hétéroclite une enveloppe cartonnée aux exhalaisons insouciantes. J’ouvre fébrilement avec anxiété et un carton noir éclot de la gousse feutrée. Je pense de suite à un avis de décès. Merde, qui c’est ? Je dégoupille entièrement la missive, et je déniche la dépêche. C’est une très belle carte postale avec de l’ouvrages rangés précieusement sur une étagère à fond noir. A l’intérieur de celle-ci, un griffonnage de vocables qui m’ont profondément apaisés et touchés. Toi aussi mon vieux collègue tu as le verbe qui déchire et caresse la divinité sans malice. Plus d’un demi-siècle qu’on s’est conférés et c’est par toi que j’ai découvert certaines lectures saines du gosier. Merci pour ces mots, comme on dit, droit au cœur, de la bonne panacée qui ressource. Merci pour cet antidote de potion savoureuse. Dans le fond je dois absolument lutter, j’ai de l’entourage qui orne mon quotidien et c’est comme du bon pain, de la pitance à enfourner. Je ne veux pas anticiper ma mandale, ni faire une overdose d’infection, j’veux simplement vivre, baiser, boire et le reste. Allons zenfants, allez-vous faire foutre, je suis un marrant et je veux encore faire la fête. Ma femme, mes enfants, mes amis, ma sève …. I Love You ! Je suis fort, don’t affraid ! Thanks et je vais encore vous faire chier par mes délires, mes traverses, mes combats, mes conflits, mes désespoirs et mes masques de bonheur. Je ne lâcherai rien, la vie est trop belle avec mes compagnons de liberté sans médaille à leur uniforme, mais du rêve plein la caboche. Le mal ne cesse de grandir sur tous les côtés d’où mon regard se porte, et ce depuis que je sais marcher, dangereux, ils sont dangereux et ils sont en Marche pour pourrir notre indépendance, notre autonomie. Il y a de l’impunité dans l’air et le massacre va arriver, faudra déchausser nos starting-block.

Je suis déchiré, l’abcès gonfle et ma gorge s’obstrue. Toutes les semaines je me fais sucer l’hérédité par une jolie brancardière qui me pompe mon plasma. Elle est sympa et je me lie d’amitié avec elle. Je lui raconte un peu mes bafouilles et elle sa vie qu’elle trouve monotone . On se voit tous les jeudis matin à treize heures. A la quatrième rencontre légère et insouciante, mes satanées leucocytes continuent à flirter avec les étoiles et j’ai les plaquettes dans les talons. J’emmagasine des toxines et la faiblesse me gagne peu à peu. J’ai pas trop la trique. Ma bécane dort tranquillement dans sa remise. J’annule une sortie du coté de Rouen, un mariage de Bikers. Trop loin pour moi. J’appelle mon n’veu d’Orléans qui organise une virée dans la région de Troyes, pour qu’il me garde une place dans son tepee. Il est okay et sera heureux de me revoir. Faut espérer que ma tuyauterie ne se bouche pas. J’ai un air funky dans la cervoise, plus besoin de réfléchir je veux combattre cette peste. Je vais ressortir ma bannière et la remettre au guidon. J’ai ma clochette porte-bonheur au plus près du bitume. Roule, roule mon pote, je vais arriver et on va grossir les rangs des indisciplinés, des dissidents de la désobéissance. Va savoir ! Un frangin d’une vielle bande d’indiens hollandais, m’offre sa ceinture, en cuir épais, confectionnée mains. Du bel ouvrage, avec le couperet rétractable pour les encas. Une ceinture de reins qui lui servira plus. On doit me changer ma rotule et je ne pourrai plus rouler. Tu penseras à moi quand tu enfourcheras ta machine qu’il me jacte à l’oreille en m’embrassant. Envoie la musique qu’il me dit en me quittant après un bon repas pris avec ma compagne. Bise frérot, on se reverra en enfer. Pis mon autre franciscain avec ses poumons laminés, celui avec qui j’ai martelé les trottoirs de notre paroisse sous la houle et le soleil. Celui des mêmes barouds, des mêmes luttes, des mêmes conflits, lui qui a toujours la trique dans tous les sens du terme. Mon antagonisme du néant, celui des soirées de jactances, des beuveries et de folies douces qui nous berçaient la divinité. On se phone la veille, il part faire du canoë seul, sa moitié de poumon en moins, sur de belles rivières aux ondes princières. Le lendemain son frangin m’appelle, « T’es au courant pour le canotier ».

Non j’réponds.

Hé bin, il est à l’hosto avec un infarctus.

On a tous pensé que c’était à cause de la godille, qu’il avait trop forcé sur la pagaie et que sa carcasse avait chaviré. Rien de tout cela, c’est un costaud mon semblable. Le compère voulait pas prendre les cachetons prescrits par son poumonnier. N’empêche qu’il a failli rejoindre le purgatoire aux supplices. Déconne pas, on a le temps de boire un coup avec Brian, Jim, Jimy , Janis, Kurt et la belle Amy, le Forever 27 Club. Je retourne tous les mercredis à mon club de généalogie, là aussi, beaucoup ont été plombés par l’animal arthropode à pinces multiples. C’est du baume au cœur de revoir ces séculaires gorgés de vie et comblés par l’existence, les yeux remplis de vitalité et de chaleur. Quand je serai vieux, je veux être comme eux. Humour ! Bin oui je connais des femmes et des hommes jeunes sains avec l’anatomie pleine de maladies insoupçonnables qui bougent plus. Ils sont gavés aux hormones et aux ondes de faisceaux hertziens. Un océan de noirceur et de la boue dans l’assiette, balance, balance, gars t’es un survivant.

Je retourne voir Sorin, le plumier de mes marbrures hasardeuses. Comment tu vas, t’as des nausées, vertiges et autres infortunes ou indigences non citées.

Non, je réponds à part la libido, les urines rougeâtres et l’urticaire.

Super, tu résistes bien au traitement, on continue la posologie sans modération.

Ouais, mais les leucos qui grimpent et les plaquettes qui se font la belle.

Normal, il me rétorque, faut attendre plusieurs mois que la préparation médicamenteuse fasse son effet. Tu peux picoler un peu et reprendre la fumette avec de la modération juvénile. J’y vois pas de contre-indications dans les bibles médicinales. Surtout essaye d’ingurgiter au moins un litre d’eau par jour, voire plus. C’est bon pour les reins et la prostate. Tu feras quand même une écho de la vessie avec cette ordonnance. Et pis Sorin discute avec moi de sa bécane et de mon bouquin que je lui avais offert. Continue ta prose, c’est un bon remède, on se revoit dans trois mois, avec un éléctro par mois et une reniflette de sang tous les quinze jours. Et pis bien pour les déracinées, t’auras une belle gueule après. Je quitte son dance-floor l’esprit serein. Le lendemain direction l’usine à chirurgie pour un rendez-vous avec l’anesthésiste à midi. Horaire à la con qui me ramasse. Le mec est sympa, il me demande si je bois ? Je réponds, oui. Si je fume ? Je clame oui et de tout. Rien d’autre me demande-t-il ? A part une Leucémie, rien d’autre, si, j’ai encore onze points à mon permis. Bon, bin nickel on se revoit le 31 mars. La veille du premier Avril, quelle farce. Il est treize heures trente et j’ai les crocs. Alors je traîne dans le hall immense de la Factory sans rencontrer Andy Warhol. Je trouve une buvette qui sert des sandwichs et de la pâtisserie, que même mes médocs n’arriveraient pas à digérer. Mais j’ai trop la dalle. Je me prends un parisien, une tarte au flan, un café et une bouteille d’eau. La bière est interdite dans ces lieux bénis. Je trouve une petite table au milieu des chaises roulantes et des gars branchés à leur tétines. C’est Notre Dame de Paris et je suis comme eux dans cette cour des miracles. Je m’installe avec ma liseuse, je relis l’Étranger de Camus et je bâfre. En fin de compte le parigo moisi était meilleur que leur caoua. Par contre la flotte, un millésime sans goût. Je suis resté une petite heure pour m’approprier la contrée. Je suis parti sans réussir à m’habituer au Café des Délices ! Mes doutes s’évaporent doucement, je me suis habitué et je vis avec mon syndrome. De toute façon il y avait belle lurette que mon état mental ne ressemblait plus au commun des mortels. Et comme je suis un mortel, rideau, repassez à la prochaine séance, c’est complet. Pas de problème, j’ai le temps et pis votre film, je l’aime pas, le doublage est pas synchro.

Je retourne à l’écurie et décide de m’acheter une tireuse à nicotine électronique. J’en prends une toute fine, pas une qui ressemble à une grenade et qui te dégoupille le falzar. Le lendemain matin je me chope un dévoiement digne d’une bovine en plein défilé. Je vais réajuster le dosage en goudron. Le soir même une copine photographe organisait une exposition de ses œuvres. C’était sur un de ses voyages au Vietnam. Une rétrospective de la populace qui comblât de bonheur mon épouse et votre humble serviteur. Bien entendu après les visites des lieux et les discours appropriés de la gent politique, un cocktail ouvrit les portes de la prospérité. Je me suis approché avec délicatesse vers ce ravissement. Ma douce me prévient de faire gaffe au nirvana et d’éviter au maximum l’enchantement des lieux. Je me suis servi un bourbon de bas étage, noyé de coca et de glaçons. Le bien-être m’envahit aussitôt, de l’euphorie et de l’extase. J’ai rencontré plein de vieilles connaissances perdues de vue depuis des lustres. Du papotage et de la causerie à tous niveaux sans commérages. J’oublie, je caquette avec ces mandarins retrouvés. C’est du bon cérébral sans s’éloigner du zinc. Le spirituel envahit mes pensées, c’est du bon, move it ! move it ! Rien ne vacille, écoute baby, et je m’en ressers un autre sans le breuvage à bulles amerlok, ni les jetons qui baissent la température. Et un autre, santé mon pote, ça me fait rigoler, mais je ne dis rien de négatif. Je me lâche et j’agrippe mes rampes abstraites. Fermeture des portes vers vingt et une heure. Alors à cinq ou six, nous décidons de continuer vers un tiot resto chinois dont un pote connait bien le meneur des lieux. C’est un français acoquiné à une asiatique qui cultive les graminées et mitonne des spécialités comme ses parents d’un autre continent Ok, qu’il nous dit, je vous installe un guéridon avec tablier, mais pas avant une heure. Allez prendre l’apéro. Ça tombait bien on l’avait pas encore pris. Direction l’estaminet du Marcus pour prendre un breuvage de houblon de sa confection à trois pas du vaisselier oriental. On est tous légers et insouciants. T’es pris dans le tourbillon de la gratitude, hé Marcus envoie nous une autre tartine de confiture. Puis retour au resto où toute l’équipée s’est régalée de consistance et de liquides conformes et adaptés à ce genre de sauterie. Tin, encore de la bombe pour les corps cellulaires avec des potos. A une ou deux heures du mat, ma chevalière quelque peu chargée a pris le volant pour nous ramener à notre nid douillet. Une bonne nuit réparatrice sans effet secondaire, merci Sorin mon conseilleur, mon égérie. Va savoir de quoi demain sera fait ! J’ai mis en place ma défense, je veux une belle histoire, du bon blues, de toute façon j’ai po le choix. Mes mentors sont aussi à la dérive comme moi. C’est le destin de chacun. J’écoute au kask Mister Mat qui me souffle « Désespérément Optimiste » vu à Taratata. Ce samedi au prélude de l’après-midi avec mon épouse petite balade en forêt avec mon nouvel appareil photo. Je vais reprendre les reportages de mariage en vidéo avec un vieux pote photographe hors pair, même si on bascule vers le siècle et demi. On a de la vigueur à revendre.

Pis voilà des signes de virus inconnus qui surgissent de je ne sais où. Encore une merde qui nous tombe dessus, le coronavirus, ils appellent ce shoot le Covid19. Un logo made in China avec estampille française, soi-disant. Un truc invisible, sans fleur de houblon mais avec une couronne indigeste et mortelle pour la race d’androïde dont je fais partie. Les boules, « On va tous crever » disait le brave Môrice Benin en 1973. Allez zieuter sa bible sur Youtube, on est comme des saucisses à manger de la soupe en boîte. Nos politicons surgissent de toute part pour donner des avis contradictoires comme des serpents venimeux naufragés avec leur bonne aisance morale. Pas d’panik, qu’ils disent, on a la maitrise de votre santé. Bande de fallacieux ! C’est dimanche, il fait super beau et les élections municipales sont maintenues. Pas de quoi se masturber ou de spéculer nos entrailles. Nous on n’y va pas à leur mascarade. La fleur au fusil, on commence notre confinement, seuls au bord de la rivière, peu de gens dans la nature. Le seul regret c’est de ne pas avoir amené notre pique-nique dans la musette. En rentrant au corral, sur la terrasse ensoleillée, saucisson, vin blanc gouleyant et du bon pain frais. Tu sors plus me dit ma mie, tu t’exposes à personne et je m’occuperai de l’intendance. C’est beau l’amour du conjoint passionné et langoureux. C’est vrai qu’avec leur cargaison de pesticides tous ces banquiers nous détruisent à petit feu pour la bonne prospérité mondiale. Bande de rapaces ! AVFF, « Allez-Vous Faire Foutre », je ressors mon tee-shirt de combattant. Je m’écoute Pretty Woman en Live de Joe Bonamassa pour me vider la conscience. Bénin disait « Il faudrait toujours pénétrer les gens par leur porte de service », quelle belle chimère, rien n’a changé depuis les années 70. Plus d’existence, du matérialiste à donf avec de la mauvaise publicité qui te démantèle pour mieux te démolir. La peste des années 2020, les réseaux sociaux s’enflamment à tous vents. J’ai des cachetons pour ma teigne intérieure et rien pour ce nouvel empoisonneur. Que de chique, la gale du système en place nous emmerde une fois de plus. Les retraites, le travail, les hôpitaux et tous les gens dont on a besoin : à la Bastille. On commande, suivez : c’est tout. Rien à dire, c’est comme ça. J’ai des idées de meurtre en tête, pas envie de me laisser castrer sans bouger. J’ai des principes et de la réprimande à revendre. Par chance, nous avons un grand jardin pour deux décrépits que nous sommes. Vétérans ça a du bon quelques fois. Je ne connaissais pas l’apéro en visio-conférence. Avec nos filles et leur progéniture, on se bise et on se glaçonne par onde hertzienne. Tchin les filles, vous allez bien ? Les rejetons sont heureux, toujours avec leurs parents, comme j’ai été élevé par mes vieux. On retrouve des valeurs inconnues ou oubliées. Elles prennent soin aussi de ma santé. Je réponds que je suis peinard et paisible. J’engouffre ma quiétude en écoutant du Ferré et en relisant mes utopies. Don’t affraid mes amours, Je Vis, nous vivons ! Faudra revenir à l’envers. On se quitte la larme à l’œil. Quelle époque ! Paf le lendemain, notre ainée est touchée par l’infectant. Elle va rester avec son fils pendant une quinzaine en dégustant du paracétamol. La bactérie a fait mouche aussi sur une tante âgée de 88 ans qui vit en Ehpad. De diou c’est réel, la mécanique est bien graissée. On va bien à l’abattoir. Ma femme angoisse, because nos avortés, sa vieille maman, moi, l’avenir, le reste du monde et les dingueries de nos dirigeants. Où va notre nirvana ? Mon opération dentaire est reportée, le meeting FPH aussi, la concentration de Gérardmer suit ainsi que la Troyenne. Reste que la Punta Bagna en juin. Mon cardiologue me téléphone pour confirmer le rendez-vous qu’il m’avait filé. Je ne veux pas y aller, il me dit que c’est important pour mon état. Deux semaines de confinement sans sortir voir la fourmilière. Alors je m’équipe bécane, masque, gants et … laisser passer sans étoile. Je pars en avance, histoire de mater le territoire de ma communauté. Je croise quelques voitures de livreurs et trois ou quatre passants équipés pour la plupart comme moi. Tout est fermé, les terrasses complètement vides, les rideaux des commerces clos, toutes les officines out. C’est la guerre, manque un drapeau haineux aux portes de la mairie. J’ai un gout amer dans ma gorge asséchée. Par bonheur mon palpitant peut encore pavaner des ritournelles souriantes. Mon pote Dédé prend assez souvent de mes nouvelles et nous trinquons d’une façon marginale à nos santés respectives. Je veux voir vieillir mes amis qui virevoltent leurs idées avec leur gueule chaude. Ma tante vient de décéder, repose en paix belle dame et va rejoindre ton bien aimé de toujours. Nous avons laissé une bougie s’éteindre seule cette nuit sur le béton. Ma grande va beaucoup mieux et reprend des forces, elle va pouvoir sortir de chez elle et retrouver la misère des parages sans vie. Mes potos mécanos d’une autre contrée s’affairent à des tâches multiples et nous trinquons aussi. Je suis heureux de les savoir en pleine forme. On va tous crever alcolos ! Poisson d’Avril, pratiquement un mois de couvre-feu sans attouchement amical de mes pairs. Alors que la nature est en fleur et respire de félicité et de ravissement. J’ai du piment dans mon esprit et ma grogne est sinueuse. Je recherche du pain à bénir pour des jours meilleurs. Je suis et reste un insurgé, hein Manu ! J’ai une profonde envie de te pénétrer toi et tes associés, tes servants, tes acteurs. J’ai plus envie de les contourner.

Mes mots deviennent rares devant ces miettes de solitude et de silence. Un peu de joie, un frère ardéchois a pu convoler en justes noces avec une poétesse de rivage méconnu ? Et le tout en side. Ils étaient accompagnés par des seigneurs enfourchant leur pur-sang. Soyez heureux à en perdre la vie, mes semblables. Un autre immigré avec sa belle princesse au fin fond de l’Espagne nous a concocté une rengaine, une faribole en ressortant sa vieille guitare. Merci pour ce coin de soleil, vous aussi confinés sur vos plages hygiéniques aseptisées. Promis si on s’en sort, on vous rendra visite quand cette pandémie mondiale sera anéantie. Restons solidaire, frères d’armes. Raoul Petite vient de sortir son dernier 33 tours, une bombe de béatitude et de délice accompagne ma journée. J’écoute en boucle, ils m’ont donné l’appétit à noircir ma page blanche qui somnolait depuis des mois. Écoute, écoute ce breuvage et redonne-moi du papier et du style afin d’exhiber mes déchirements et ma mélancolie printanière. J’ai des courbatures aux doigts et ma souffrance s’étale sur mon Mac. Mon désespoir s’éclipse au fur et à mesure de ma délivrance verbale et de ma décontamination. J’appelle une copine dans les coins de l’Ain pour avoir des nouvelles, confinée avec son BRéVE et ses moutards collés à leur écran. Comme moi ils sont dépités, mais on se fait du bien par mots interposés. Des gens formidables de la même confrérie avec qui tu as envie de regarder les aurores boréales, juste regarder et boire un coup. Les étincelles clignoteront dans nos fibres internes. A toi aussi Amigos Alsaco, qui chaque matin se lève à trois plombes pour que nos frigos ne maigrissent pas et continuent à hurler de désir, j’ai une pensée en accord avec notre morale commune. Tu restes dans mon cœur car j’ai une profonde envie d’odyssée avec toi et ta belle.

I Love You Brothers.

J’ai trop envie de vivre alors je reste chez moi et va savoir de quoi demain sera fait … !

37 réflexions sur “partie 2 et …… Covid19 – avril 2020

  1. Blaise

    Sous ton œil affûté, ta plume acérée nous livre une fois encore et dans un langage unique, un texte d’une profonde humanité, puissant et émouvant, qui nous saisit et nous laisse pantelants. Détresse teintée de désespoir, colère et amertume, le cri d’un grand animal blessé. Ironie aussi… qui d’autre que toi pour relire « La Peste » en cette période troublée ? Provocation ou catharsis, là où l’écriture ne suffirait pas ? Pourtant elle coule cette écriture, fluide, comme le sang d’un blessure intime et nous assistons à la mise à nu d’une belle âme dans un récit d’une grande intensité. Vérité crue et flamboyance. Pour cela aussi on t’aime.

    Blaise

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  2. Schwarzie

    Cher Ted, j’ai comme toi depuis des années le leuco grimpant et la plaquette fileuse et en plus un crabe qui me poussait sur la main; après le chirurgien, le rayon et la grillette on attend le Corona non en bouteille…pas rillante l’atmosphère d’autant que la belle est au garage, sous sa housse – avant que je ne sois un de ces …dans la mienne !
    Mais courage frère – je t’embrasse
    Schwarzie

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  3. Laurent

    Après se foutu confinement, et vu que toutes nos belles sorties s’ annulent les unes après les autres, je crois que je vais monté sur Pontam histoire de pouvoir déguster un p’tit ruhm en fin de soirée.
    À bientôt mon Ted

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  4. giric41

    Salut mon Ted,
    Toujours aussi battant, un régal de lire ta prose, mais celle-ci laisse un petit pincement au cœur …. Porte toi bien et continues le combat. Bise à toi.
    giric41

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  5. JIS

    Grosses Bises mon Ted,
    Encore une belle tranche de vie à lire, tout en pudeur et émotion, et il en reste beaucoup des histoires à nous raconter Michel, le morceau n’est pas prêt d’être fini.
    Prenons notre mal en patience, et le plaisir de se revoir n’en sera que plus grand.
    C’est dans la tempête qu’on voit le marin, comme disait l’autre, alors accroche toi à la barre mon copain, on voit pointer l’horizon après la bourrasque.
    Bises à toi et ta tribu.
    JIS

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  6. Marandai david

    5 heure du mat, j’ai des frissons… putin ces bribes de paroles n’auront jamais aussi bien convenu en te lisant à cette heure matinale. Bises frérot, ne lâche jamais et à bientôt !!
    Ps : chui aussi dispo pour un apéro Visio 😉
    David

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  7. Cosette et Thunder

    Tiens bon, mon Ted, le mariage est repoussé à l’an prochain. Tu vois, t’as le temps de te retaper. Nous aussi. on reste confinés. Dans notre campagne, notre jardin. c’est chose aisée. On va bien. On attend de toi la même chose. Et puis noircis des feuillets de ta prose si particulière, vide ton sac, crache ton mal : tu gagneras

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  8. saasenheim

    Salut MichelJe viens de lire ton 2e tomeQue te direMes mots sont inutiles par rapport aux tiens et a tes mauxJe peux te promettre de boire Un breuvage tous les soirsA ta santéBizm@rcelEnvoyé de mon Galaxy S6 Orange

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  9. Hervé

    Toujours autant de plaisir à te lire même si t’arrives par moment à me faire verser une larme
    Comme toi J’espère qu’on va pouvoir bientôt rouler de nouveau et je pourrais venir tortorer un morceau avec toi et ta tendre et pourquoi pas en compagnie de mes mousquetaires
    Prends soins de toi et des tiens mon Ted
    A bientôt
    Biz
    PS je te Phone demain

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    1. Fredami

      Heureux d’avoir de tes nouvelles Ted, et même si tu n’as pas toujours le moral, je suis certain que tu seras le plus fort.
      Fais gaffe à cette nouvelle merde qui risque de nous rendre visite à tous sans invitation.
      Prends soin de toi.
      Bises.
      Au plaisir en Bretagne, tu sera toujours le bienvenu.
      Heureux également de lire les commentaires d’anciennes connaissances que j’embrasse également.
      Amicalement
      Fred

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